ET à l'Ambassade de Tunisie...

« La Tunisie, parmi les pays « les plus heureux » de la planète », c’est du moins ce qu’affiche le site de l’ambassade de Tunisie ces jours-ci. Depuis le 14 janvier tout le monde partage cet avis, moins la police. Moins Mohamed Bouazizi.

Ni voyez pas malice, il doit s’agir simplement de cet espoir qu’entretiennent les élites, à pouvoir se remettre en selle, quand ils n’ont jamais tout à fait lâché les rênes de la bureaucratie. Imaginez que vous soyez un bon flic  qui a tranquillement questionné quelques vendeurs de légumes, qui vous couraient sur le haricot avec leur diplôme. Vous avez construit une médina avec l’argent que vous versez le RCD ; vos enfants suivent la meilleure scolarité possible dans les établissements français du pays, chaque jour passait à adorer le président et à lui rendre hommage.

Les amis de la Tunisie, de Frédéric Mitterrand à feu Philippe Seguin ou Eric Raoult se réjouissaient tant du rempart contre l’islamisme. « Consommer repousse l’Islam » semble l’antienne de tous les thuriféraires de la nouvelle religion de la croissance. La Tunisie se vantait d’avoir éradiqué les taudis ; l’eau courante arrivait dans chaque foyer. Les autoroutes y sont nombreuses et l’on y mène une vie occidentale à deux heures de la grisaille parisienne. C’est pourquoi « La Tunisie maintient son leadership en Afrique »

Leadership dans l’hôtellerie bon marché avec diplômés  trop payés, informaticiens roulant sur l’or et téléopérateurs dans les plateformes téléphoniques et dans le textile rémunérés comme des salariés allemands. Ce qui  a permis au pays de gagner 8 places au classement de Davos sur la compétitivité mondiale.

Il faut établir une vérité : La famille du président Ben Ali et de Leila Trabelsi ne puisait absolument pas comme dans maints régimes arabes dans les caisses abondées par leurs citoyens. Si les deux seuls serveurs internet leur appartiennent, comme une grande partie des médias et des entreprises florissantes du Pays, c’est parce qu’ils symbolisent le dynamisme de ce dragon d’Afrique : La TUNISIE a la deuxième place dans la gestion des deniers publics rappelle site de l’ambassade. Avec l’appui du Fond de Solidarité Nationale, le 26.26, chacun abondait volontairement à l’œuvre publique. Tant pis si quelques lingots ont pris la route de Djeddah ou d’haciendas argentines. Le journal Le Temps, proche du pouvoir à une époque illustre parfaitement ce titre qu’il applique pourtant à tort aux chefs syndicaux « Opportunisme, Il y en a qui revendiquent, qui protestent. Moi, je ne fais qu’un seul geste je retourne ma veste »

Pas l’ambassade.