Un bon allemand.

Publié le 25 Février 2010

« On avait toujours eu cette frousse de redégringoler et voici qu’arrivait quelqu’un qui voulait vous emporter, comme sur des ailes, toujours plus haut. » Cà  c’est pour Adolf Hitler.

Un bon allemand est une autobiographie parue en 1964, d’un jeune Berlinois vivant sous le régime nazi. Il raconte sa famille, « des parents a-érotiques, a-sexués, a-politiques » qui vivent autour de leur fauteuil club « Ils étaient passé de leur rêve petit bourgeois à l’ère du sublime » leur vie dans ce quartier de Eichkamp par lequel il revient par le S-Bahn.

Le suicide de celle qui devient sa sœur, empoisonnée volontaire et la scène de funérailles avec la famille y est rêvée comme l’acte IV d’un opéra de Puccini, « la mort de Mimi ». 

   Sa rencontre avec Vania, juif russe qui le conduira au complot et à la prison politique, sera son seul acte héroïque. La prison de Moabit où il observera écrit en bas d’une cellule « Hitler, crève salope » encore à la mode avant que ne surgissent les « Ora pro nobis »  fatalistes et désespérés.  Il y constate qu’ici  « Toute viande, toue chair est coupable » En ce temps là, la loi sur la félonie qu’on pourrait voir de nouveau voter sous Besson III, condamnait les criminels économiques, ceux coupables « d’avoir acheté sans ticket de rationnement  un quart de livre de saucisse et sapé ainsi l’économie de guerre allemande. » L’écriture est travaillée et ses mots ne sont jamais ceux qui remplissent des vides,  la vie de Horst a le mérite d’être racontée, d’autant plus qu’il sait la faire croiser avec celle du Reich, celle d’un génération petite bourgeoise, modeste, sans ambition, et sans résistance aux mouvements de l’histoire. Vania, son ami, survivra à l’Allemagne nazie. Il le  retrouve journaliste pour un quotidien est-allemand,  et aura cette phrase idéale : « Et maintenant tous les deux, nous empestons le temps, tu pues l’Est et moi l’Ouest ! »

  Engagé dans cette Wehrmacht, rebaptisée Bundeswehr, il achève sa guerre sur le front Ouest en 1945, en désertant au dernier moment et en trahissant sa propre armée comme il l‘explique lui même. Avec cette maxime comme Kruger en trouve au long de cette autobiographie : « C’est un signe qui ne trompe pas. Quand un adjudant allemand s’humanise, à coup sur, c’est qu’il y a une guerre mondiale de perdue. » Enfin devenu journaliste après guerre il assiste au procès d’Auchwitz et en ressort consterné devant la platitude des accusés.

 

   Gérard Guégan fait une lecture de ce livre en fin d’ouvrage où il écrit ceci sur l’Allemagne actuelle : « Boris Becker( Champion de tennis) : Quand je rentrais chez moi, le gens m’attendaient devant la porte et avaient l’air d’espérer que je les bénisse. Je me souviens du regard de mes fans lors d’une finale de la coupe Davis. Ils avaient l’air de zombie. Leurs yeux étaient fixes et sans vie. Confronté à cette espèce de dévotion aveugle, j’ai compris ce qui nous était arrivé il y a longtemps à Nuremberg. » Si c’est pas de la volée, ça.

 



« Priez pour nous. »

Rédigé par Goby

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